
Parenthèse : Le projet en question n'est pas sans relation avec tous les projets de "musée mobile" (le Louvre, Beaubourg)... ou encore le miltantisme récemment affiché d'Alain Seban (directeur de Beaubourg) qui souhaite que soient mieux mis en avant les artistes français et à cette fin... annexer une partie du palais de Tokyo!
Le site du Monde nous apprend que le projet aurait été évoqué à huis-clos lors d'une réunion tenue jeudi 25 septembre entre les cultureux du ministère, du conseil régional d'Ile-de-France, du conseil général de Seine-Saint-Denis (PS), de la ville de Bobigny (PC) et du Théâtre Français. Le discours officiel est celui d'un retour dans les "théâtres de quartier" (pris d'assaut par la scène ultracontemporaine et ses borborygmes incompréhensibles), un retour du répertoire français à la papa, un retour à la culture légitime. Privilégier l'accès à la culture sur la recherche artistique de pointe, voilà l'intention bienveillante qui dissimule une tentative de putsch idéologique, ne faisant pas dans la dentelle question violence symbolique!
Mauvais esprit
Vieux débat ranci sur la démocratisation culturelle contre la qualité de l'Art, remué jusque dans ses racines les plus moisies. Tout incline en effet pour les esprits éveillés à prendre le parti de l'Art contre les basses oeuvres des politiques culturelles : "La création ne peut se limiter à un geste culturel" serine Dimitri Konstantinidis dans Mouvement. Dans le Grand dégoût culturel, (Seuil, 2008) Alain Borsat va jusqu'à présenter la culture comme une entreprise de lavage de cerveau participant à la biopolitique généralisée, entendre par-là une dictature des opinions et au premier chef des comportements! Dans son récent Spectateur émancipé, le philosophe Jacques Rancières se range du côté du spectateur, qui doit se libérer de la critique et du "bruit" culturel pour renouer avec sa liberté intellectuelle... Discours louable, mais qui en revient à sacraliser le "silence" et le mystère de la relation entre le spectateur et l'Oeuvre... Recoucou Malraux et la mystique de "l'expérience spectatoriale"! Comme on le voit, il est difficile de trancher dans de tels déblablas tant les idées reçues sont équitablement partagées, tributaires de cycles assez courts : la défense de l'Art contre la culture, puis de la Culture contre l'élitisme artistique; la défence du service public culturel contre la marchandisation de l'art, puis du pragmatisme, contre le déclin des intellectuels et artistes français; la valorisation de la rencontre brute avec l'oeuvre d'Aaaart (Malraux) contre le discours plus pédago privilégiant l'accès aux oeuvres et l'éducation que celle-ci rend nécessaire.
Bref.
La polémique de la MC93 remue le terreau de vieilles disputes mal enterrées. Elle conduit à reposer la question d'Antoine Vitez : "Faire du théâtre aujourd'hui, c'est répondre à la question posée depuis finalement pas très longtemps en France pour la première fois par Jean-Vilar : quelle forme trouver exprimant le rapport nouveau que nous cherchons avec le public." En imaginant les théâtres de quartier, Vitez voulait transporter le théâtre des idées, le théâtre de qualité dans les quartiers. Evidemment au final, c'est en grande majorité le public bobo qui se transporte dans les quartiers, ce qui cautionne partiellement la tentative nauséabonde d'annexion de la CF ... Pourquoi ça ne marche pas bien ? En partie parce que ces centres dramatiques sont de grosses usines à gaz qui ne font pas de "théâtre du milieu" (la solution n'est donc pas de transbahuter les Français en banlieue rouge). Ces paquebots n'étaient pas prévus dans le projet vitézien: "voilà ce que c'est que le théâtre de quartier: un petit groupe d'acteurs qui racontent une histoire, pas nécessairement avec des décors et des costumes de scène, et parfois sans scène." (1968)
Trève de mauvais esprit: Pétition à signer sur le site de la MC93
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